«La nuit l'eau calme des bassins / Au reflet de lumière vague / Forme d'imaginaires vagues / Et de fantastiques dessins. » C'est beau comme du Verlaine mais c'est du Blum. Oui, Léon Blum, l'homme politique, celui du Front populaire et des congés payés. Mais encore ? Heureusement que Philippe Collin est là. L'auteur et producteur de radio, après le podcast archisuivi qu'il lui a consacré sur France Inter, rend hommage à cette figure trop oubliée dans un livre tendre, intelligent et inspirant qui fera recouvrer la mémoire à beaucoup. On dit hommage au sens où Collin nous rend un homme. Né dans une famille juive venue d'Alsace, il commença sa vie en dandy fou de littérature, et passa de Barrès à Jaurès comme on sort du coma : avec une soif de lumière et un désir de vivre plus juste et plus profond.

Révélé à lui-même par l'affaire Dreyfus, capable d'écrire dès 1907 qu'une femme doit pouvoir connaître, comme les hommes, le plaisir avec d'autres partenaires avant le mariage, ce progressiste sensible jusqu'au sentimental, mais assez courageux pour défendre à l'épée ses idées esthétiques, entre véritablement en politique en 1914, à la mort de Jaurès, coup de tonnerre dans le ciel d'Europe et tsunami dans le cœur d'un homme qui vient de perdre son mentor. Le livre, gorgé d'archives, de photos, de témoignages de biographes et d'historiens (Frédéric Salat-Baroux, Pascal Ory, Dominique Missika ou Pierre Birnbaum) retrace le parcours romanesque de celui qui choisit de [...] Lire la suite